L'initiative de l'asbl Mandat Climatique ‘Sign for my Future’ a été lancée le 5 février; elle appelle tous les Belges à s'exprimer pour une politique climatique forte. Max Jadot a été l'un des premiers CEO à la soutenir. Il explique sa motivation et appelle tous les Belges à en faire autant.
Nul ne peut l'ignorer, le climat est au centre du débat sociétal. Et c'est un euphémisme, si l'on considère les actions de nombreuses ONG, de spécialistes du climat et, bien entendu, des étudiants et écoliers de ces dernières semaines. L'appel à nos gouvernements à afficher une ambition claire pour atteindre les objectifs climatiques et à prendre les mesures adaptées résonne de plus en plus fort. Cette initiative a été lancée par l'asbl Mandat climatique, issue de citoyens, de jeunes, de chefs d'entreprise, d'organisations de la société civile, de médias et du monde académique. Depuis des mois, ils travaillent en coulisse pour la mettre sur pied.
Max, pourquoi vous êtes-vous engagé comme ambassadeur de 'Sign for my Future' ?
Le timing de cette initiative pourrait donner à penser qu'elle surfe sur la vague actuelle. Il n'y a rien de moins vrai, puisque le premier contact avec les promoteurs de l'initiative date de juin 2018, il y a plus d'un an et demi. Quant à l'engagement renforcé de la banque en faveur du climat, il date de 2015. Je considère également 'Sign for my Future' comme l'occasion de soutenir l'engagement de notre jeunesse et de donner du poids à leur appel jusqu'aux élections de mai.
Dès le début, j'ai été convaincu, à titre personnel et en tant que CEO de la banque, que je devais collaborer à cette initiative. Comme l'a déjà dit Jean-Laurent Bonnafé: on ne peut pas gagner durablement dans un monde qui perd. Personne ne peut fermer les yeux, aujourd'hui, sur les risques et sur l'impact réel du changement climatique. Les conséquences sont déjà visibles aujourd'hui, et nous portons tous la responsabilité d'y mettre un terme. En tant que première banque du pays et membre d'un des plus grands groupes bancaires européens, nous devons donc prendre nos responsabilités.
Que demande précisément 'Sign for my Future' au futur gouvernement ?
Notre signature est une demande aux prochains gouvernements fédéral et régionaux de faire le nécessaire pour maintenir le réchauffement sous les 2°, et de préférence en-dessous de 1,5°, comme le stipule l'Accord de Paris sur le climat. Cela signifie que l'impact climatique de la Belgique doit être neutre avant 2050 et que les émissions de gaz à effet de serre doivent baisser significativement au cours de la prochaine législature.
Trois demandes spécifiques et urgentes sont sur la table: une loi et un décret qui ancrent l'objectif de neutralité climatique en 2050, un plan d'investissement ambitieux qui incite nos entreprises et nos ménages à construire une société neutre en CO2 et l'évaluation de toutes les propositions par un panel d'experts indépendant.
La transition vers une économie neutre en CO2 demandera des efforts à chacun. Quel rôle pouvons-nous jouer en tant qu'institution financière ?
Je me rends bien compte que cette transition exigera des efforts. Mais je suis tout aussi convaincu qu'elle offrira de nouvelles opportunités, en termes d'activités économiques et de nouveaux jobs plus durables.
Pour réduire les émissions de CO2, BNP Paribas a, dès 2015, décidé de mettre un terme au financement de l'exploitations minière du charbon. Dans la foulée, BNP Paribas a décidé de ne plus financer les centrales au charbon. En outre, depuis octobre 2017, le Groupe a décidé de cesser ses relations avec les acteurs qui s'occupent principalement de gaz et pétrole de schiste et/ou de pétrole issu de sables bitumineux. À l'époque, le Groupe s'est également engagé à ne financer aucun projet d'exploration ou de production de gaz ou de pétrole au pôle Nord.
Je souhaiterais ajouter que BNP Paribas entend accompagner ses clients dans leur transition énergétique, convaincu qu'il s'agit de la voix la plus réaliste pour obtenir un ancrage effectif. C'est ainsi que BNP Paribas a décidé de doubler ses financements dans les énergies renouvelables, pour atteindre 15 milliards d'euros en 2020. Le Groupe a également décidé d'investir 100 millions d'euros dans des start-up innovantes dans le secteur de la technologie verte (efficacité énergétique, stockage d'énergie…).
Avec le Sustainable Business Competence Centre, nous avons développé, en Belgique, une approche unique, qui propose aux entreprises un accompagnement concret dans le cadre de l'énergie durable et efficace.
Sans compter l'extension permanente de notre offre de produits d'investissement durable. Nous sommes leaders dans le domaine des investissements socialement responsables, avec un patrimoine investi de 11 milliards d'euros. Et les équipes de CIB développent des produits innovants comme les green bonds, les green loans ou les sustainable loans. Nous sommes très fiers que l'État belge et des entreprises comme Solvay et bpost nous aient demandé d'assurer le rôle principal dans la première obligation d'État ou dans leurs premiers crédits à impact positif et que la Banque mondiale nous confie le développement de produits financiers durables.
Il y a un risque que l'on nous accuse de 'green washing'. Pourquoi n'est-ce pas le cas ?
Parce que nous pouvons affirmer à juste titre que l'engagement de la banque, et par extension celui du Groupe BNP Paribas, est réel et concret. La stratégie de la banque vise à aider les entreprises et les ménages à évoluer vers une économie pauvre en carbone. Les agences de rating et des ONG à travers le monde saluent nos efforts. Récemment encore, le Groupe a été nommé banque européenne la plus active dans le domaine par l'ONG britannique ShareAction.
Mais, en tant qu'entreprise également, nous faisons depuis des années des efforts pour réduire notre empreinte écologique. Nous sommes neutres en CO2 depuis 2017. Nous pouvons compter sur des centaines d'Ecocoaches, qui sensibilisent les collègues à une approche plus écologique au travail et, chaque année, nous lançons des eco-challenges pour réduire la consommation de papier et de plastique. Grâce aux initiatives des collaborateurs dans le cadre de #ourjob2, nous avons, ces deux dernières années, financé la plantation de plus de 60.000 arbres en Zambie, avec WeForest. Nous faisons de nombreux efforts pour rendre notre mobilité plus durable. Et n'oublions pas la démolition du bâtiment Montagne du Parc, dont 98% des matériaux ont été recyclés.
Pour conclure, pourquoi devrions-nous souscrire à cette initiative ?
Nous ne voulons tout de même pas laisser à nos enfants et petits-enfants un monde où le changement climatique provoque une baisse de la qualité de vie? Les élections de 2019 sont LE moment de vérité pour la politique climatique de notre pays.
Il y a là une chance unique de soutenir l'élan des jeunes et de donner davantage de contenu à notre engagement pour une société durable. Je suis convaincu que de nombreux collègues soutiendront cette initiative et y apposeront leur signature. La durabilité fait partie de l'ADN de cette entreprise et de ses collaborateurs.
Avec tous les partenaires de 'Sign for my Future', faisons en sorte que les trois millions de signatures soient atteints en Belgique, afin que les gouvernements futurs reçoivent le mandat clair de mettre fin à la problématique du climat.
En pratique
La plateforme pour signer est en ligne depuis le 5 février. En signant via l'URL spécifique attribué à la banque, vous contribuez à notre objectif de collecter au moins 10.000 signatures. Si cet objectif est atteint, BNP Paribas Fortis s'engage à planter 10.000 arbres avec WeForest.
Plus d'infos sur nos engagements en faveur du climat.