Innover ou ne rien faire : c’était la condition sine qua non de Matthieu Degallaix, ancien chauffagiste, au moment de reprendre la ferme familiale.
Matthieu Degallaix en est convaincu, le bambou — cette plante de la famille des graminées présente naturellement sur tous les continents sauf en Europe —, c’est l’avenir ! «Les pousses intéressent l’industrie alimentaire, cosmétique ainsi que le secteur médical. Comme la fibre est composée de cellulose à 70%, le bambou est aussi utile pour fabriquer des vêtements, du papier et des bioplastiques. Ou encore dans le secteur automobile et celui de la construction, à la fois pour l’isolation des bâtiments, les éléments structurels et l’ameublement. »
Si la France se met à cultiver le bambou, c’est l’Italie qui reste pionnière. Sans surprise, c’est dans la Grande Botte que Matthieu a trouvé son partenaire. « Un acteur majeur, présent en début de chaîne — pour les plants en pépinière — et en fin de circuit, car il récupère ma récolte pour la distribuer », précise-t-il.
Si la culture du bambou est une nouveauté dans nos contrées, elle a également séduit Matthieu pour sa dimension durable. « Cela permet de remplacer nos cultures intensives par une agriculture plus « verte ». Le bambou absorbe, par exemple, davantage de CO2 et rejette plus d’oxygène. Il pousse aussi plus vite et répond donc rapidement à la demande, avec des exigences limitées en eau et en espace. Cerise sur le gâteau : cette culture ne connaît pas de maladie et ne nécessite aucun traitement phytosanitaire ! »
Sa première plantation date du printemps dernier, mais Matthieu se projette dans cinq ans, lorsque ses 6.000 bambous seront à maturité et que la parcelle sera (enfin) rentable. « Le financement est la principale difficulté », indique le jeune agriculteur, qui a pu compter sur l’aide de BNP Paribas Fortis. «Même s’il a fallu convaincre, mon banquier m’a écouté et la banque a accepté de me suivre dans l’aventure, avec un financement adapté aux besoins de ce projet atypique. »