Le marché du travail est une donnée dynamique. Il reflète la société et donc les forces qui s’exercent sur elle, telles que le développement du secteur tertiaire, le vieillissement de la population active et le progrès technologique. Dans une publication récente, la Banque nationale (BNB) passe en revue les formes d’emploi atypiques en Belgique. Le graphique présenté ci-dessous montre notamment à quel point le travail à temps partiel et le télétravail fréquent ont gagné du terrain ces dernières années.
Travail temporaire
Tous les contrats qui ne sont pas de durée indéterminée sont placés dans la catégorie du ‘travail temporaire’*. Depuis 2017, on y retrouve 10 % de tous les travailleurs, ce qui représente une légère hausse comparé à quelques années plus tôt. Le changement principal dans ce domaine est la suppression de la période d’essai dans le cadre de l’harmonisation des statuts des ouvriers et des employés. Le rapport annuel de la BNB fait observer qu’en 2018, 46 % de l’embauche concernait le travail temporaire.
L’édition 2016 du rapport de l’OIT souligne que le travail temporaire peut avoir un effet négatif sur le salaire. Et cet effet est nettement plus important sur les faibles salaires que sur les gros salaires, où il est quasiment inexistant. En ce qui concerne la Belgique, l’effet négatif, ou la mesure dans laquelle le salaire des travailleurs temporaires est inférieur, est estimé à un peu plus de 10 %**. Cependant, le travail temporaire peut parfois jouer un rôle de tremplin. Ainsi, 40 % des contrats temporaires en cours en 2016 ont conduit à un contrat à durée indéterminée dans l’année suivante.
Les autorités publiques comme moteur du changement
Le travail à temps partiel a le vent en poupe. En Belgique, il concerne plus d’un quart des travailleurs, nettement plus que la moyenne européenne d’environ 20 %. En 2018, 89 % des hommes salariés travaillaient à temps plein. Parmi les travailleurs salariés de sexe féminin, 56 % seulement étaient employées à temps plein.
Le rapport de la BNB évoque par ailleurs la vulnérabilité des travailleurs à temps partiel. Typiquement, leur contrat de travail laisse moins de place à la formation continue et à la promotion. À 6,5 %, le risque de pauvreté de ce groupe de travailleurs est légèrement plus élevé que celui des travailleurs à temps plein, qui s’établit à 4,3 %.
Entre 2003 et 2017, la part des salariés qui travaillent au moins de temps en temps à domicile a doublé, atteignant ainsi un peu plus de 17 %. On constate par ailleurs une grande différence entre le secteur public et le secteur privé en ce qui concerne le pourcentage de salariés travaillant ‘souvent’ ou ‘parfois’ à domicile. Ainsi, en 2017, la part de salariés qui travaillaient au moins ‘parfois’ à domicile était de 32 % dans le secteur public. En tant qu’employeur, les autorités publiques enregistrent ainsi un score presque trois fois plus élevé que celui du secteur privé.
* Il s’agit notamment de remplacements, de missions spécifiques et de travail d'étudiants.
** Il n’est toutefois pas clair si la surreprésentation de certains groupes démographiques dits ‘plus faibles’ (jeunes, citoyens non-UE28) a été corrigée dans cette estimation.