Après un excellent premier trimestre, la croissance belge s’est normalisée ces derniers mois. Aujourd’hui, elle ralentit nettement à cause de la politique monétaire : ralentissement de l’inflation, mais aussi de la croissance, en Belgique et à l’étranger.
Après un excellent premier trimestre, la croissance belge s’est normalisée ces derniers mois. Aujourd’hui, elle ralentit nettement à cause de la politique monétaire : ralentissement de l’inflation, mais aussi de la croissance, en Belgique et à l’étranger.
L’économie belge a évité la correction que nos voisins allemands ont subie plus tôt cette année. Le prix élevé du gaz pèse sur la grande industrie allemande et sur ses exportations, très dépendantes de la Chine. Selon nos dernières prévisions, et contrairement à ce qu’il se passe aux États-Unis, l’économie européenne devrait tout juste éviter de tomber en récession au cours du second semestre de l’année. La croissance devrait cependant se mettre en grande partie en berne à cause des mauvaises performances des économies allemande et française.
La politique monétaire fonctionne…
Ces derniers mois, la Fed et la BCE ont sensiblement resserré les robinets monétaires. Leur objectif ? Maîtriser le monstre de l’inflation. Et si cela semble porter ses fruits, cela exige du temps.
Le mois dernier, l’inflation américaine est retombée à 4,0% (sur base annuelle). Sur base mensuelle, la hausse reste limitée à 0,1% à peine. L’inflation sous-jacente se maintient cependant à 6,6% mais c’est beaucoup moins que le pic atteint en février (7,3%). Nous ne saurons qu’au cours des prochains mois si cela suffira à stopper toute nouvelle hausse des taux. Les chiffres de l’emploi de juin 2023 devraient démontrer que l’économie ralentit fortement.
Les derniers chiffres de l’inflation en Europe sont nettement inférieurs au pic atteint mi-2022 : 5,5% en juin, contre 10,6% en octobre. Nous constatons la même évolution dans la plupart des grands pays européens, même s’il y a de fortes différences entre les uns et les autres. En Italie, l’inflation mesurée en mai se situait encore à 8%, contre moins de 3% en Espagne.
En Belgique aussi, l’inflation montre des signes d’essoufflement. Selon les premiers chiffres provisoires, le niveau des prix (donc, pas l’inflation) a baissé en juin. C’est la quatrième baisse depuis le pic d’inflation d’octobre dernier. Le graphique ci-dessous montre l’évolution à la baisse des niveaux de prix entre juin 2022 et juin 2023. Il semble également plus que probable que nous nous retrouverons en situation de déflation l’automne prochain*.
… mais elle a un prix
L’inflation ralentit donc, aussi bien en Europe que de l’autre côté de l’Atlantique. Mais cela a un prix. Nous nous attendons à un ralentissement important de la croissance du PIB américain au cours du second semestre 2023. Notre scénario de base repose sur l’hypothèse de trois trimestres de ralentissement économique. En d’autres termes : une récession.
En Europe, nous devrions y échapper de justesse. Nous nous attendons à ce que l’économie allemande continue à flirter avec une croissance nulle au cours des prochains trimestres, tout comme l’économie française. Mais aucune d’entre elles ne devrait réellement se retrouver la tête sous l’eau.
L’économie belge ralentit aussi, même si elle résiste mieux. Dans les chiffres définitifs publiés par la BNB, la croissance du PIB que nous avons connue au premier trimestre a baissé de 0,5 à 0,4%. Pour le trimestre qui vient de se clôturer, nous avions parié sur une croissance de 0,3%, ce qui correspond plus ou moins à la moyenne historique.
Mais cette situation ne devrait pas durer. Ces dernières semaines, la croissance de l’indice bancaire – qui reprend les revenus et les dépenses agrégés de nos entreprises clientes – s’est stabilisée. Les indicateurs traditionnels – comme la confiance des consommateurs et des entrepreneurs – se sont détériorés au cours du mois écoulé.
Cela annonce un second semestre plus difficile, où l’économie belge devrait à peine progresser. Nous nous attendons ensuite à ce que l’économie rebondisse grâce au soutien des consommateurs et de la hausse des dépenses publiques traditionnellement observée à l’approche des élections.
* Ce phénomène devrait être de courte durée. Les mesures de soutien en matière énergétique devraient avoir un impact important en tirant l’indice global vers le bas sur une période de 12 mois. Et ce, au moment où le coût de l’énergie a déjà dépassé son pic. La pression à la baisse de ces mesures sur l’inflation disparaîtra à partir de novembre 2023, ce qui devrait entraîner une nouvelle reprise de l’inflation globale.
Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Koen De Leus
Chief Economist
Koen De Leus (Bonheiden, 1969) détient un diplôme de master en sciences commerciales de la Economische Hogeschool Sint-Aloysius (EHSAL). Depuis septembre 2016, il occupe le poste d’économiste en chef au sein de BNP Paribas Fortis. Il est également professeur invité de la EHSAL Management School, notamment dans le domaine de la finance comportementale. En 2017, Koen a publié son livre « L'économie des gagnants : défis et opportunités de la révolution digitale », et en 2012, « Les règles d'or en bourse ». En collaboration avec Paul Huybrechts, il a écrit en 2006 « Au pays des vieux », un livre portant sur le défi social et économique du vieillissement de la population.
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