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Politique
24.10.2020
Koen De Leus Chief Economist

Les élections américaines

Certains observateurs laissent entendre que les actuelles élections américaines sont un point de bascule historique. Quatre années de plus de politique à la Trump et de son America First et le demi-siècle de Pax Americana rejoindra les livres d’histoire. Ou Joe Biden : symbole d’un retour à davantage de coopération internationale, et retour des défis du changement climatique à l’ordre du jour. Quel que soit le vainqueur, son premier et principal combat sera celui du corona. Les mesures d’aide et de relance continueront donc de dominer en 2021



SONDAGES

À moins de deux semaines de l’échéance, le démocrate Joe Biden mène par 9 points de pourcentage dans les sondages nationaux. Mais sa victoire n’est pas encore assurée même si sa longueur d’avance est plus importante que celle de Hillary Clinton il y a quatre ans d’ici. Elle avait finalement perdu parce qu’un grand nombre d’électeurs indécis, soit ne s’étaient pas manifestés, soit avaient voté pour Trump. Aujourd’hui, le nombre d’électeurs indécis est estimé à 10 % ; il était de 25 % à l’époque.

Biden est également en tête dans quelques États importants qui peuvent faire basculer le scrutin, d’où leur nom de “swing states”, comme le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin où Trump l’a emporté de justesse en 2016. Aux États-Unis, des élections se font d’abord dans chaque État. Il y a 538 votes de grands électeurs à gagner, répartis sur 52 États. Il n’y a qu’un gagnant par État, et tous les grands électeurs se rangent derrière ce vainqueur, que l’écart soit petit ou grand.  La bataille ne se livrera pas dans des États comme New York, où il y a une grande majorité de démocrates. La véritable bataille se livre dans les États en balance où le nombre des démocrates et celui des républicains sont similaires et où la majorité pourrait basculer dans un camp ou dans l’autre. La Floride, avec 29 grands électeurs, a traditionnellement été l’un de ces États en balance. Biden y est en tête mais son avance est très courte. La course n’est pas terminée.

PROGRAMME

Les sondages indiquent qu’une déferlante bleue est possible. Autrement dit, les démocrates peuvent non seulement reconquérir la Maison Blanche mais ils pourraient avoir aussi une majorité au Sénat. Avec une majorité à la Chambre des Représentants, Biden a de plus grandes chances de faire passer son programme économique de $10.000 milliards, qui s’étalera sur les 10 années à venir. Dans ce programme économique, des points concernent la santé, l’enseignement et l’éduction, les infrastructures et l’énergie, sur lesquelles il pourra parvenir à un accord raisonnable avec les républicains. Mais le commerce, la réglementation et la politique étrangère pourrait poser de sérieux problèmes.

Biden veut financer une partie de son programme par des augmentations d’impôts sur les hauts revenus et sur les entreprises. Au net, il devrait cependant rester une dynamique significative. Avec cette augmentation d’impôts, Bidem est diamétralement à l’opposé de Trump, lequel les a diminués ces dernières années. Ce qui a dopé la croissance mais aussi creusé le déficit budgétaire, passé de 4,4% à 6,3% du PIB. Diminution d’impôts + déréglementation + politique commerciale agressive constituent la formule de l’économie à la Trump. Si ça ne tenait qu’à Trump, cette stratégie à trois ingrédients constituerait aussi la recette qui doit redynamiser l’économie américaine pour les quatre prochaines années.

CHINE

Celui qui deviendra le 46e président des États-Unis a de l’importance pour l’Europe et beaucoup d’autres pays. C’est moins vrai pour la Chine. Trois Américains sur quatre considèrent la Chine d’un œil méfiant et – une fois n’est pas coutume – républicains et démocrates sont du même avis. Biden gardera une ligne dure, mais son style dans la négociation sera différent : moins non-conventionnel, plus prévisible. Les droits de l’Homme devraient aussi figurer en meilleure place dans l’ordre des priorités.

Le danger d’une nouvelle Guerre froide et d’une scission progressive du secteur mondial de la technologie en deux sphères d’influence est réel. D’une mondialisation, nous irions alors vers une régionalisation. Les entreprises retireraient-elles leur production de la Chine ? Aujourd’hui, ce n’est pas à l’ordre du jour malgré la pression qui augmente. En plus d’être un acteur clé dans la chaîne de production mondiale, la Chine est aussi le moteur de croissance par excellence pour les entreprises internationales. Quitter ce pays porterait préjudice à toutes les parties.

SUPPORT

Quel que soit le vainqueur, sa première mission sera de triompher du monstre corona. Une batterie d’aides est prête et peut même être approuvée avant les élections. Sinon, ce sera le premier travail du président élu après la prise de ses fonctions. Le budget qui a été débloqué prévoit des deux côtés des aides pour les travailleurs et les entreprises touchés et davantage de moyens financiers pour combattre le virus. Les démocrates devraient être un peu plus larges dans ces aides, surtout s’ils reconquièrent le Sénat. Ils prévoient aussi une aide financière pour les États touchés. Plus tard dans l’année suivra un plan de relance pour que l’économie retrouve son élan. Les accents seront placés différemment, en fonction de celui qui sera élu. Mais une politique budgétaire, de même que monétaire, souple fera partie intégrante de l’économie américaine pour un certain temps encore.


Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Koen De Leus Chief Economist
Koen De Leus (Bonheiden, 1969) détient un diplôme de master en sciences commerciales de la Economische Hogeschool Sint-Aloysius (EHSAL). Depuis septembre 2016, il occupe le poste d’économiste en chef au sein de BNP Paribas Fortis. Il est également professeur invité de la EHSAL Management School, notamment dans le domaine de la finance comportementale. En 2017, Koen a publié son livre « L'économie des gagnants : défis et opportunités de la révolution digitale », et en 2012, « Les règles d'or en bourse ». En collaboration avec Paul Huybrechts, il a écrit en 2006 « Au pays des vieux », un livre portant sur le défi social et économique du vieillissement de la population. En savoir plus

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