Plus tôt cet été, la BNB avait revu à la baisse ses estimations pour le deuxième trimestre, comme elle l’avait fait pour le premier. Le ralentissement de la croissance semble donc définitivement installé (cf. notre précédent article sur ce sujet).
Nos propres estimations, basées sur un seul mois de données du troisième trimestre, correspondent aujourd’hui à une croissance moyenne. Nous craignons cependant que la partie descendante du cycle actuel ait commencé et nous nous attendons à une croissance nulle pour le trimestre en cours et le suivant.
Consommation et investissements
La consommation reste le point faible de notre économie. Les chiffres d’affaires du commerce de détail en montrent clairement la raison. En termes nominaux (« value », en bleu ci-dessous), la croissance annuelle du chiffre d’affaires se situe aux alentours de 3-4%, ce qui est plutôt bien.
En termes de volumes (« volume », en vert), les chiffres sont en nette baisse, et cela ne date pas d’hier. Dans l’ensemble, aucune hausse n’a été constatée au cours de la dernière année, ce qui n’est bien entendu pas tenable. Cette rupture de dynamisme est en partie masquée par l’inflation qui n’offre qu’un répit temporaire.
Les investissements déçoivent également, ce qui s’explique peut-être moins par la hausse des taux que ce qu’on pourrait penser. Une étude récente montre que le taux d’actualisation, utilisé par les entreprises pour calculer le rendement de leurs investissements futurs, est moins sensible aux variations de taux d’intérêt que ce qu’on pourrait attendre. Par exemple, une forte hausse des taux d’intérêt, comme cela s’est produit ces 12 derniers mois, ne se traduit pas nécessairement par une même hausse moyenne du taux d’actualisation dans les entreprises.
Malgré tout, les investissements des entreprises restent en berne. Fin mars, ils étaient encore inférieurs de 2% à leur niveau d’avant la pandémie. La croissance trimestrielle s’est toutefois nettement redressée pour flirter avec les 2%, un niveau bien supérieur à la moyenne à long terme (0,5%). Néanmoins, le baromètre du moral des entrepreneurs n’augure rien de bon : de nombreuses entreprises font face à une baisse de la demande, ce qui devrait freiner davantage leurs projets d’investissement.
Normalisation attendue au printemps
En tout état de cause, la politique monétaire semble également peser sur l’économie. L’inflation, qui ralentit fortement et qui menace même de devenir négative, le prouve. A ce moment-là, selon nos prévisions, la croissance économique s’essoufflera également.
Mais cela semble plus dramatique que ce ne l’est en réalité et correspond en tous points à un « atterrissage en douceur », le scénario que tous les économistes de la Banque Centrale Européenne espèrent : normalisation de l’inflation, ralentissement de la croissance, mais absence de contraction et chômage stable. Ce dernier point en particulier est un atout majeur pour retrouver rapidement un rythme de croissance normal.
Que faut-il conclure de tout cela pour la croissance globale de notre économie ? Pour cette année, nous prévoyons une croissance de 0,9% du PIB. L’an prochain, l’économie devrait continuer à ralentir, pour se situer à 0,7%, conséquence du faible deuxième semestre 2023.