Adhésion en demi-teinte
Le Royaume-Uni n'a jamais embrassé l'Union qu'avec tiédeur. Les Britanniques s'opposaient à une augmentation de la contribution au budget européen, étaient contre la prise de décisions à la majorité et la suppression du droit de véto, et contre une intégration plus poussée. S'ils quittent l'Union, mener une politique européenne commune sera peut-être plus accessible.
Il ne faut pas non plus exagérer cette histoire de 'difficiles' Britanniques. Pendant la période 1999-2014, les voix britanniques d'opposition représentaient à peine 2 % au Conseil Européen. Et ce sont, du reste, les Britanniques qui ont soutenu le plus les accords de libre-échange et l'élargissement aux services, du marché unique des biens. Ils sont également le moteur d'une union des marchés des capitaux mais réaliser ce dernier objectif deviendra plus difficile à présent.
Équilibre politique
Le Royaume-Uni créait un certain équilibre entre la fibre du marché libre qu'ont surtout les pays du Nord et celle des pays du Sud, favorables à une économie plus régulée, où interviennent davantage les pouvoirs publics. Les 'pulsions' protectionnistes de la France ont été bridées. Plus maintenant, et avec l'Allemagne, la France a, ces dernières semaines, trouvé un allié partageant les mêmes vues favorables à la création de champions européens. Par ailleurs, l'ascendant de l'Allemagne au sein de l'Union ne cesse de grandir. La moitié des Européens pensent que cette influence allemande est d'ores et déjà excessive. Des pays tels que la Suède, le Danemark et les Pays-Bas perdent un allié de poids.
Sous l'angle international, le divorce pouvait difficilement intervenir à un plus mauvais moment. Les États-Unis, la Russie et la Chine remettent en cause l'internationalisme libéral que défend l'Union européenne. Le tandem européen France – R.-U., les deux autres des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, faisait contrepoids. Mais à l'avenir, il se pourrait que le Royaume-Uni n'ait pas les mêmes préoccupations que l'Union.
Si les pays de l'Union parlent d'une même voix, nous pouvons influencer des régions entières. Avec une Union dont se retire le Royaume-Uni, cette voix perdra un peu de sa résonance internationale.