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Politique
13.03.2019
Koen De Leus Chief Economist

Comment évoluera le pouvoir politique dans l'Europe de l'après Brexit ?

Nul ne sait quand mais il arrivera un jour où le Royaume-Uni quittera l'Union européenne. Des litres d'encre ont coulé sur l'impact économique d'un Brexit. Mais quid de son incidence politique?



Adhésion en demi-teinte

Le Royaume-Uni n'a jamais embrassé l'Union qu'avec tiédeur. Les Britanniques s'opposaient à une augmentation de la contribution au budget européen, étaient contre la prise de décisions à la majorité et la suppression du droit de véto, et contre une intégration plus poussée. S'ils quittent l'Union, mener une politique européenne commune sera peut-être plus accessible.

Il ne faut pas non plus exagérer cette histoire de 'difficiles' Britanniques. Pendant la période 1999-2014, les voix britanniques d'opposition représentaient à peine 2 % au Conseil Européen. Et ce sont, du reste, les Britanniques qui ont soutenu le plus les accords de libre-échange et l'élargissement aux services, du marché unique des biens. Ils sont également le moteur d'une union des marchés des capitaux mais réaliser ce dernier objectif deviendra plus difficile à présent.

Équilibre politique

Le Royaume-Uni créait un certain équilibre entre la fibre du marché libre qu'ont surtout les pays du Nord et celle des pays du Sud, favorables à une économie plus régulée, où interviennent davantage les pouvoirs publics. Les 'pulsions' protectionnistes de la France ont été bridées. Plus maintenant, et avec l'Allemagne, la France a, ces dernières semaines, trouvé un allié partageant les mêmes vues favorables à la création de champions européens. Par ailleurs, l'ascendant de l'Allemagne au sein de l'Union ne cesse de grandir. La moitié des Européens pensent que cette influence allemande est d'ores et déjà excessive. Des pays tels que la Suède, le Danemark et les Pays-Bas perdent un allié de poids.

Sous l'angle international, le divorce pouvait difficilement intervenir à un plus mauvais moment. Les États-Unis, la Russie et la Chine remettent en cause l'internationalisme libéral que défend l'Union européenne. Le tandem européen France – R.-U., les deux autres des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, faisait contrepoids. Mais à l'avenir, il se pourrait que le Royaume-Uni n'ait pas les mêmes préoccupations que l'Union.

Si les pays de l'Union parlent d'une même voix, nous pouvons influencer des régions entières. Avec une Union dont se retire le Royaume-Uni, cette voix perdra un peu de sa résonance  internationale.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Koen De Leus Chief Economist
Koen De Leus (Bonheiden, 1969) détient un diplôme de master en sciences commerciales de la Economische Hogeschool Sint-Aloysius (EHSAL). Depuis septembre 2016, il occupe le poste d’économiste en chef au sein de BNP Paribas Fortis. Il est également professeur invité de la EHSAL Management School, notamment dans le domaine de la finance comportementale. En 2017, Koen a publié son livre « L'économie des gagnants : défis et opportunités de la révolution digitale », et en 2012, « Les règles d'or en bourse ». En collaboration avec Paul Huybrechts, il a écrit en 2006 « Au pays des vieux », un livre portant sur le défi social et économique du vieillissement de la population. En savoir plus

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