C’est ce jeudi, que la BCE doit annoncer son plan de sortie du programme d’achat de dettes en place depuis mars 2015. Depuis janvier 2016, ce sont €60 milliards de dettes (dont 80% de papier public et 20% d’obligations privées) qui sont achetés tous les mois et qui gonflent le bilan de la BCE, qui est passé de €2000 milliards en mars 2015, à quasi €4400 milliards aujourd'hui. Un jour ou l’autre, il va falloir ralentir la cadence, et même y mettre un terme complet, mais, aux dires des uns et des autres, ce n’est pas pour demain.
Pour quel bilan
En mars 2015, les buts recherchés par ces achats massifs de papier en Europe étaient de relancer la croissance, alors franchement en panne, et de doper un peu l’inflation, en veillant toutefois à la maintenir en-dessous du seuil de 2%, cher à la BCE et surtout, cher à la Bundesbank.
2 ans et demi plus tard, force est de constater que la reprise de la croissance est au rendez-vous, avec un PIB en hausse de plus de 2.3% au second trimestre, et une inflation sortie du néant dans lequel elle était tombée en 2014, pour s'afficher à 1.5% actuellement. Objectifs atteints donc pour la BCE !
Un excédent de liquidités comme on n’en a jamais vu
A la lumière du graphique ci-dessous, qui mesure l’excédent de liquidités dans la zone-euro, une certaine perplexité s’impose. Avant la crise financière de 2008, et donc, bien avant que les marchés et les politiques ne prennent l’habitude de se tourner systématiquement vers les banques centrales pour résoudre tous les problèmes, on le voit bien, il n’y avait jamais d’excédents de liquidités. C’est normal, puisque le rôle de la banque centrale, c’est justement de mettre la quantité nécessaire et suffisante de liquidités sur le marché.
Un excédent de liquidités, tel que nous le mesurons sur notre graphique, signifie que la BCE a mis bien plus d’argent sur le marché, que ce qui est demandé par le système économique lui-même. Ces surplus de liquidités représentent donc de l’argent injecté par la BCE (au travers de ses achats mensuels de papier), qui n’a pas été recyclé par le secteur bancaire (comprenez, qui n’a pas été transformé en crédits). On le voit, les sommes n’ont cessé de monter et atteignent des sommets incroyablement élevés : actuellement, quasi 10% du PIB de la zone-euro, soit plus de €1700 milliards.
De tels surplus de liquidités qui ne sont pas neutres pour les banques
Pas étonnant que les taux soient bas, et qu’ils le resteront encore un bon moment, car ce surplus ne va pas fondre du jour au lendemain. Aujourd’hui, ces excédents de liquidités, qui ne parviennent pas à se frayer un chemin dans l’économie réelle, sont en réalité confiés par les banques à la BCE au jour le jour. Les banques s’acquittent d’une taxe de 0.4% par an (qui est le taux "négatif" de dépôt au jour le jour pratiqué par la BCE) lorsqu’elles récupèrent ces sommes le lendemain matin. Ceci représente bien entendu un coût supplémentaire pour le système bancaire européen. De ce point de vue-là, le bilan de la BCE est donc nettement moins bon, car ces coûts s’ajoutent à d’autres, dans un secteur en restructuration et en pleine transformation depuis bientôt 10 ans.
Voyons ce que la BCE annonce …..